Plagiocéphalie et ostéopathie par Julie Mercier
Julie Mercier est ostéopathe à Martigues en formation postgraduée au FROP (Formation et Recherche en Ostéopathique Pédiatrique) à Bordeaux.
Mon bébé a-t-il la tête plate ?
La plagiocéphalie ou « tête plate » est fréquente chez le bébé, mais pas d’inquiétude, c’est une déformation bénigne chez le nouveau-né. En effet, elle laisse apparaitre une asymétrie crânienne, c’est a dire que le crâne du bébé peut s’aplatir dans les semaines qui suivent la naissance.
Il est possible que le bébé tourne plus la tête d’un coté, augmentant l’appui localisé, ce qui entraine un aplatissement asymétrique de l’occiput (os présent à l’arrière du crâne), un bombement du front du même coté ainsi qu’une asymétrie du visage.
Cette pathologie touche essentiellement les nourrissons de 7 à 12 semaines (46,6%) car ils sont le plus souvent allongés sur le dos. 20% des cas sont âgés d’environ 4 mois, et 3,3% autour de 2 ans.
Il faut savoir que les plagiocéphalies persistantes chez les enfants de 18 à 48 mois ne s’améliorent pas dans 75% des cas.
La plagiocéphalie existe sous 2 formes :
- Craniosténose, qui est due à une soudure prématurée d’une ou plusieurs sutures crâniennes du nouveau-né. Il faudra alors aller rapidement consulter un chirurgien.
- Positionnelle, déformation bénigne du crâne du nouveau-né par des contraintes mécaniques externes.
Pourquoi ?
Les causes peuvent être nombreuses.
Pendant certaines grossesses (particulièrement les gémellaires), si la position de la tête de l’enfant dans l’utérus est mauvaise, celle-ci peut se retrouver sous contrainte et subir une déformation.
Lors de l’accouchement, le matériel utilisé (Forceps, ventouses, etc.) peut exercer une trop forte pression sur le crâne de l’enfant et ainsi avoir un impact sur les zones d’appui.
Après la naissance :
- Torticolis congénital : la contraction va être telle, que le nourrisson va garder la tête inclinée et tournée du même coté ce qui risque de déformer la zone d’appui en position couchée.
- Manque de mobilité du crâne et des cervicales.
- Tensions sur l’axe cranio-sacré, l’union de l’os occipital et du sacrum.
Dois-je m’inquiéter ?
Les effets indésirables sont généralement esthétiques. En effet, le visage peut paraitre déformé ou asymétrique, la tête peut sembler « plate », les yeux peuvent présenter une différence de hauteur, tout comme les oreilles.
Dans le cas de plagiocéphalie sévère, des problèmes de vision, des défauts de motricité, une dyslexie, une scoliose, des troubles dentaires ainsi que des troubles de la succion et de la déglutition peuvent parfois être observés. Il est donc important de traiter rapidement la plagiocéphalie de votre enfant lorsque celle-ci est confirmée.
Mais il est important de mentionner que même lors d’une plagiocéphalie déclarée, le cerveau de l’enfant se développe tout à fait normalement car le volume intracrânien reste identique.
Que puis-je faire ?
Il est évidemment possible de prendre quelques précautions pour diminuer le risque de plagiocéphalie même s’il n’est pas possible de l’éviter totalement :
- Un suivi ostéopathique pendant la grossesse et suite à la naissance.
- Un contrôle chez le pédiatre permettant de diagnostiquer un possible torticolis congénitale.
- Une réorientation vers un kinésithérapeute si nécessaire.
- Un bon positionnement du nourrisson lors du repos en position allongée ou même lors de l’allaitement grâce notamment à une alternance droite/gauche de la tête.
- Un matelas adapté, pas trop rigide, n’utilisez le cosy que pour les déplacements. L’utilisation de coussins ou de matelas spécifiques peuvent éviter un appui constant sur une zone limitée du crâne. Si besoin, vous pouvez utiliser un coussin de latéralisation.
- Préférez le port au bras de l’enfant.
- Favoriser le jeu sur le ventre dès 6 mois (sous surveillance).
Comment agit l’ostéopathe sur la plagiocéphalie ?
Le crâne du nourrisson est très modulable, d’où le conseil d’une intervention précoce avant que les sutures ne deviennent définitives. L’ostéopathe va alors chercher la cause des dysfonctionnements et des blocages présents et tendra à redonner de la mobilité mécanique et tissulaire.
Par exemple, il commencera par libérer les tensions et blocages empêchant l’enfant de tourner la tête. Le but étant de réajuster la posture générale du corps, un meilleur équilibre des membranes et des os du crâne sera apporté et permettra donc au nourrisson de bouger plus librement.
Le traitement visera donc à améliorer les asymétries et participera à redonner la rondeur occipitale.